Zig zag par vaux et monts – 2e journée

De Niédens à Prahins

Après une bonne nuit de repos, je me lève frais et dispo pour entamer ma deuxième journée de « pèlerinage ». Un bon petit-déjeuner m’attend, puis je me dirige vers le lieu-dit « La Grosse Pierre », muni d’une cisaille ! J’ai en effet l’idée de dégager cette pierre des ronces qui l’entourent afin de mieux la photographier. Echec retentissant ! Je ne réussis même pas à repérer l’endroit précis et donc je ramène la cisaille à mon cousin Etienne, sans avoir pu l’utiliser ! J’ai le projet de retourner en automne ou en hiver, lorsque la végétation permettra une meilleure visibilité ; et je compte faire ma petite enquête sur une légende en rapport avec cette « Grosse Pierre » : mon papa, Benjamin Varidel, et la tradition s’en est transmise à quelques-uns de mes cousins, s’est souvenu avoir entendu dire que la pierre faisait un tour sur elle-même au moment où la cloche de la chapelle de Niédens sonnait ! Légende qui ne doit pas venir de la nuit des temps puisque la chapelle a été inaugurée en 1906

(1). Affaire à suivre !

 

Un peu honteux de ma déconvenue, je reprends ma route direction Mézery-près-Donneloye par un chemin forestier, mais, clin d’œil en guise de consolation, je peux admirer, brièvement, un gros renard que je dérange dans sa quiétude. Après une marche d’une vingtaine de minutes, je débouche à l’ouest du village de Mézery. Petite halte pour me désaltérer à l’arrivée vers le joli cimetière de Mézery ; on n’y trouve qu’une seule tombe d’un Waridel : Constant Waridel/Vuaridel (1839-1909), fils de Pierre Adam (2). Plusieurs Vuaridel-Waridel ont résidé à Mézery, dès les années 1600, voire avant. En passant, je salue le respect des pierres tombales anciennes dans ce petit cimetière ; il faut dire que, la population ayant passablement diminué depuis les années 1900, il reste suffisamment d’espaces disponibles.

Mézery est un joli village, au croisement de deux petites routes, l’une allant de Donneloye à Molondin, l’autre sur l’axe Yvonand-Prahins. Les maisons ont conservé beaucoup de cachet (3); certaines mériteraient plus d’entretien, mais la plupart sont joliment rénovées. Une grosse exploitation agricole assez moderne contraste avec les fermes plus anciennes. Je quitte le village par un chemin agricole qui monte sur une colline appelé En Saumont, lieu-dit présent dès le XVe siècle au moins et dont plusieurs V-W-Vuaridel ont été propriétaires au fil du temps ; la plus ancienne attestation concerne Claude Varidel de Chanéaz, et doit donc dater de 1534 au plus tôt, date de l’établissement de Claude Varidel à Chanéaz, de 1579 au plus tard, sur une carte du commissaire Richard. (4). A noter que ce lieu-dit s’est transmis avec très peu de modification : Sommont ou Somont dans les sources les plus anciennes, ce qui signifie sommet du mont, de la colline. Arrivé au point culminant, à 682 m – soit un dénivellé de 57 m depuis Mézery – on aperçoit le village de Prahins en contrebas ainsi que les premières maisons de Chanéaz.

Le chemin redescend tout droit ; on traverse la route Donneloye-Molondin, puis on continue tout droit jusqu’à un pâturage marécageux (5) – le bas du Cusson – d’où sort un joli ruisseau, le Flon Renaud, nom attesté dès le XVe siècle, ou ruisseau de Praz Long (6), en relation avec le pré qui longe le cours d’eau. Je compte longer ce ruisseau par le sentier pédestre qui passe à deux pas de ce dernier, mais je suis surpris par le peu d’entretien du chemin : je dois « camber » (un joli mot vaudois qui signifie

« enjamber » !) des ronces et des orties, et malgré tous mes efforts, mes jambes sont lacérées par des griffures et des démangeaisons dues aux orties. Il faut dire que j’avais choisi de porter des shorts, vu le beau temps…

C’est à nouveau en me frayant un chemin à travers ronces et branchages que j’approche du ruisseau et des étangs que me signale la carte (7). Un autre détour pour voir le ruisseau de l’autre rive, depuis le Praz Long, n’est guère plus fructueux !

Trempé par les hautes herbes et tout griffé, je sors enfin de l’ombre pour prendre un chemin par Villars-Grémard (un champ sur le coteau, dont le nom est attesté depuis le XVe s. également) et rejoindre la ferme des Rottes (8), à cheval sur les communes de Molondin et Démoret. Mais auparavant, pause pique-nique au bord du chemin, au soleil, pour sécher chaussettes et chaussures ! Un temps de lecture – j’ai reçu une petite biographie lors de mon passage à Molondin –, puis je reprends ma route et passe aux Rottes, où je demande à pouvoir remplir ma bouteille d’eau à la fontaine. Je suis très gentiment reçu par une jeune femme ; un brin de conversation, et je continue ma route. Mon itinéraire pour rejoindre Prahins passe non loin du refuge de Démoret et je décide de faire un petit détour ; le refuge est très joli et j’imagine une belle grillade dans le barbecue !

La suite de mon trajet va être un peu précipitée par le ciel qui se couvre ; une averse menace. Je prends néanmoins le temps de m’arrêter un moment lorsque mon chemin croise le ruisseau et une petite cascade (9), puis je prends le chemin le plus court pour Prahins en longeant la route Démoret-Prahins. A peine ai-je franchi le panneau d’entrée du village que les premières gouttes me tombent sur la tête ! Une ou deux photos encore des deux clochers du village (10) puis je presse le pas pour arriver à bon port, chez Marlène, mais plus tôt qu’annoncé ! Je m’abrite donc sous l’avant-toit, assis sur le banc et termine la lecture du petit livre mentionné plus haut. Agréable soirée ensuite autour d’un bon repas et de conversations passionnantes qui se prolongent jusque vers minuit avec Pierre et Marlène. Visite encore de l’atelier de Pierre, dans le sous-sol de la maison (la maison est citée sur un plan cadastral en 1778, mais a subi des transformations depuis). Enfin repos, bien mérité, comme on dit !