Zig zag par vaux et monts – 1e journée

D’Yvonand à Niédens

Première semaine de vie d’un retraité ! Je décide de parcourir les terres de mes ancêtres en trois jours d’une marche plus ou moins tranquille dans la campagne, pour terminer à Moudon, la Bonne Ville ! Trois thèmes vont occuper mon regard et mon appareil photographique : les paysages, les cultures, le bâti.

Première journée

Le train m’amène jusqu’à Yvonand, village où mon père est allé à l’école… et parce que cela me permettait d’aboutir à Niédens, sur la commune d’Yvonand, pour passer la nuit dans la ferme familiale, lieu d’enfance de mon père et de ses aïeux, dès 1813.

Passer sous le viaduc des Vaux, c’est un peu comme passer sous le joug de la modernité pour s’enfoncer dans l’univers mystérieux du Vallon de Vaux : pas besoin de courber l’échine cependant pour débuter mon parcours sous le haut viaduc (1)

et remonter le ruisseau, abondant en ce mois de juillet pluvieux. Beau temps pour les grenouilles, dont je pourrai entendre le chant dans l’étang situé près de la cabane des pêcheurs, « Le Brin d’Humour ». Une belle peinture, à l’abri des intempéries, mais qui a subi du temps l’irréparable outrage… Non, il est encore temps de la sauver, de la restaurer peut-être ?! (2)

 

Répit ce matin pour la pluie, mais brumes matinales. Je suis la route, carrossable encore, qui m’amène au Martinet : ancienne forge construite vers 1806, la maison est rénovée et habitable ; le mécanisme n’est plus visible, mais le canal de l’ancien moulin a été converti en pisciculture (3). Pas âme qui vive ce matin.

Plus loin, une falaise de molasse percée de deux galeries (4) réalisées, semble-t-il,  lors d’un cours de répétition, par l’armée, en 1963 ; le but était certainement de faire se rejoindre ces galeries, mais ce sont deux culs de sac ! Le bruit court que le cours de répétition a été déplacé avant la fin des travaux. D’autre semblent affirmer que ces galeries sont plus anciennes, datant de la guerre de 1870 ; il va falloir faire des recherches supplémentaires ! La falaise a cependant été exploitée pour la pierre, preuve en sont les marques d’outils et le tracé rectiligne de certaines parois. La Roche à Baptiste elle-même, figurant sur les cartes topographiques récentes, se serait effondrée vers 1970. La dénomination viendrait d’un ermite nommé Baptiste qui vivait là avec ses chèvres.

 

Je continue ma route, et après une quinzaine de minutes, me voici arrivé au confluent du Flonzel et du ruisseau des Vaux, ainsi qu’à la croisée des chemins menant soit vers la Tour St-Martin, soit vers Molondin. Je prends à gauche, un chemin montant abruptement à la Tour, où je prévois de sortir mon pique-nique. Toujours impressionnante et fière, la Tour St-Martin (5) ; je la photographie sous tous les angles, prends un morceau de pain et de fromage, sans oublier les carrés de chocolat, puis grimpe l’escalier métallique inauguré en 2015. Je me prends pour le seigneur des lieux et contemple mon territoire, surveille les accès… ; le bourg qui entourait la Tour a  depuis longtemps disparu, mais Chêne-Pâquier, non loin, a subsisté. J’y fais un détour pour boire le café chez une cousine de mon père, Colette, puis prends le chemin de Molondin, sans visiter l’église ovale, revue peu de temps auparavant.

 

A chaque trouée dans la forêt je prends une photo de « ma Tour » ! Le Flonzel se fait bien entendre en contrebas, puis le sentier le rejoint vers la Scie (6)

qui a appartenu à mon arrière-grand-père Eugène Varidel. J’y passe un bon temps avec une cousine de mon père qui habite encore la maison ; elle me dévoile des pans de son enfance, de sa vie, de feu son mari ; elle me remet aussi un livre écrit par sa sœur, une biographie poignante. Furtivement, mon cousin vient dire bonjour puis s’esquive, bien occupé à préparer les machines pour la moisson. Le travail de scieur ne l’occupe plus beaucoup ; dommage, l’installation, bien que très ancienne, fonctionne encore à merveille. Il possède deux grosses moissonneuses-batteuses et réalise les travaux pour ceux qui ne possèdent pas l’équipement.

 

Je reprends mon chemin en direction de Niédens, non sans explorer quelques chemins surplombant le Vallon ; j’y découvre deux cabanons, peu utilisés, semble-t-il. L’un est ouvert (7),

 

l’autre fermé.  Depuis ce dernier,  le regard se porte, à travers une clairière, jusqu’à la chaîne du Jura, et l’on plonge également sur l’autoroute et un bout du lac de Neuchâtel.

Niédens (8) ;

 

un nom qui évoque pour moi bien des souvenirs ; en tant qu’enfant, puis jeune homme, j’y ai fait plusieurs séjours, soit pour travailler au tri des pommes-de-terre, soit pour enfourner des poulets dans des caisses lorsque le camion venait, de nuit, chercher sa cargaison. De belles rencontres de famille, aussi, à Pâques, où l’on roulait les œufs. Les pommes-de-terre, justement… Mon cousin doit aller prendre des échantillons dans trois champs, pour surveiller leur taille (9).

 

Je l’accompagne dans les champs détrempés… le mildiou commence à se faire remarquer, mais les tubercules sont peu nombreux à obtenir la bonne taille ; pourriture et faible récolte en perspective. Retour à la ferme, on parle de l’avenir de la paysannerie, du bienfait des assurances face à des années comme celle-ci… avant de savourer une bonne raclette et de prendre le repos nécessaire à la suite de mon périple.